- Connaissance des Énergies avec AFP
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C'est le "big bang des batteries" : à compter du 18 août prochain, un nouveau règlement européen entrera pleinement en vigueur avec l'objectif de créer une économie circulaire du secteur des batteries, des vélos électriques et voitures notamment.
Un contexte réglementaire « en pleine ébullition »
Alors que seules les piles et les petites batteries de moins de cinq kilos étaient jusqu'à présent soumises à la responsabilité élargie du producteur, qui oblige les entreprises à gérer la fin de vie de ce qu'elles produisent (soit directement, soit en déléguant à un éco-organisme), cette obligation va être étendue à l'ensemble des batteries.
Outre les piles et batteries des objets du quotidien, seront donc également concernées les batteries de moyens de transports légers (vélos ou trottinettes), les batteries de voitures à moteurs thermiques, les batteries de véhicules électriques et les batteries industrielles.
"Le contexte réglementaire est en pleine ébullition, on est sur le big bang des batteries", s'exclame Emmanuel Toussaint Dauvergne, directeur général de l'éco-organisme Batribox. Compte tenu de cette évolution, le "gisement", ou la quantité de piles et batteries à collecter et gérer en France, qui représentait environ 30 000 tonnes, selon M. Toussaint Dauvergne, "va passer à 600 000 tonnes". Batribox est candidat à un agrément pour l'ensemble de ces familles de batteries, tout comme l'éco-organisme Ecosystem.
L'enjeu est crucial pour l'industrie, notamment automobile, alors que la France et l'Europe ne disposent pas ou peu de mines de métaux critiques entrant dans la composition des batteries de véhicules électriques, comme le manganèse, le cobalt ou le lithium.
Un foyer français détient en moyenne 104 piles et batteries légères
La règlementation européenne prévoit que 25% des métaux critiques soient issus de matières recyclées en Europe d'ici 2030, aussi M. Toussaint Dauvergne prévoit une "course à l'approvisionnement" des constructeurs automobiles, pour remettre la main sur une "black mass" (poudre noire de métaux contenus dans les batteries pour conduire l'électricité) aujourd'hui traitée et raffinée principalement en Asie.
Pour convaincre les constructeurs de faire appel à un éco-organisme comme le sien, M. Toussaint Dauvergne avance des arguments de mutualisation et donc de baisse des coûts, ainsi qu'une "expertise" de la batterie, notamment en matière de sécurité, compte tenu du caractère inflammable des batteries lithium.
Concernant les piles et petites batteries, déjà soumises à responsabilité élargie du producteur, la collecte progresse: Corepile, filiale d'Ecosystem, a collecté près de 11 000 tonnes en 2024, soit une progression de près de 11% sur un an, et Batribox revendique 6 300 tonnes collectées en 2024, soit une progression de 30% en deux ans.
Il reste toutefois d'importantes marges de progression en termes de collecte, à en croire les derniers chiffres de l'agence de la transition écologique (Ademe), qui évaluait le taux de collecte pour la France à 54,6% en 2023.
"Il y a toujours une partie des Français qui conservent des piles ou des batteries usagées chez eux", a déclaré à l'AFP Jeanne Lepeintre, directrice marketing et QSE (Qualité, sécurité, environnement) de Corepile, qui souligne que "ça ne prend pas de place".
Là aussi, le gisement est considérable : en moyenne, un foyer français détient 104 piles et batteries légères, dont une petite vingtaine usagées, selon une étude réalisée par la filière.